Soumis par adm_786 le

Le traitement chirurgicalPathologies de la thyroïde

L’hospitalisation, l’anesthésie, l’opération

En ce qui concerne l’hospitalisation,

l’entrée a lieu tôt le matin de l’intervention. Auparavant, vous serez passé au service des admissions prendre vos papiers d’entrée.  Si vous possédez des documents médicaux concernant votre état de santé actuel ou antérieur, nous vous serons reconnaissants de les apporter avec vous. La dernière échographie thyroïdienne est souvent très utile pour votre chirurgien. Avant l’intervention vous aurez, seulement si l’anesthésiste l’a jugé si nécessaire, quelques prises de sang, un électrocardiogramme, une radiographie pulmonaire.

Vous serez opéré(e) en principe le matin de votre admission. L’intervention durera entre une et deux heures et nécessite une anesthésie générale, sauf exception. Dans la mesure où vous ne présentez pas de problème de santé majeur, il s’agit d’une intervention sans risque vital important. Vous pourrez vous alimenter dès que les effets de l’anesthésie se seront atténués, c'est-à-dire le soir même de l’intervention ou le lendemain matin si vous étiez nauséeux. Nous vous demanderons de vous lever et de marcher dès le lendemain de l’intervention, d’éviter de croiser vos jambes lorsque vous êtes assis, et de ne mettre qu’un oreiller lorsque vous êtes couché afin de ne pas avoir le cou trop fléchi et ainsi pour vous permettre de bien tousser et de cracher si vous en ressentez le besoin.

A votre sortie du service d’hospitalisation

en principe le lendemain ou le surlendemain (1er ou 2ème jour postopératoire) de l’intervention sans agrafes, sans drain.

En quittant le service, l’infirmière vous transmettra :

  • Vos papiers administratifs de sortie
  • Les modalités d’un traitement antalgique et hormonal éventuel
  • Un arrêt de travail si nécessaire
  • Un bon de transport si nécessaire
  • Un rendez-vous

Pendant les 24 premières heures suivant l’intervention, vous aurez l’impression d’avoir une grosse angine vous gênant pour parler et avaler. Vous aurez également mal au niveau de la cicatrice, mais rapidement ces troubles vont disparaître. Pendant cette période qui dure habituellement quelques jours, prenez les antalgiques qui vous ont été prescrits à votre sortie. Vous pouvez en effet souffrir au niveau de votre cou (surtout si vous avez déjà une arthrose), dans la poitrine derrière le sternum et avoir mal à la tête. Ceci s’explique par la position dans laquelle vous serez opéré (tête légèrement en arrière). Parfois, vous ressentirez également des douleurs au niveau des oreilles, comme dans une otite. En général, tous ces troubles disparaissent en quelques jours.

Consultation postopératoire

Nous vous reverrons une fois en consultation à la fin de votre convalescence et en principe vous n’aurez besoin d’aucune autre consultation avec nous. Une surveillance par votre médecin traitant ou votre endocrinologue est par contre indispensable.

Si vous avez quitté le service d’hospitalisation avec une ordonnance pour un traitement hormonal, une autre ordonnance vous sera remise pour un prélèvement de sang à effectuer quelques semaines plus tard et dont vous montrerez le résultat lors de votre consultation post-opératoire. Lors de cette consultation, nous vous remettrons, si vous le souhaitez, votre compte rendu opératoire, le résultat de l’analyse de votre thyroïde et le compte rendu de votre hospitalisation.

Les suites opératoires

Elles sont habituellement très simples

La cicatrice

Vous conserverez bien sûr une cicatrice qui, pendant quelques semaines, sera assez visible, parfois entourée d’un oedème (gonflement), surtout au-dessus. Cet oedème est tout à fait normal. Il s’accentue souvent à partir des 3ème ou 4ème jours postopératoires, c’est-à-dire après votre retour à domicile. L’oedème postopératoire est caractéristique de toute cicatrice, mais bien sur plus visible au niveau du cou...

Vous pouvez réduire rapidement cet oedème et assouplir vous-même votre cicatrice par des petits massages circonférentiels à débuter lorsqu’elle n’est plus douloureuse. Dans tous les cas, ne mettez pas de pommade avant le 10ème jour.

Vous ne devez pas mouiller la cicatrice pendant quelques jours, et vous devez éviter les semaines suivantes le contact avec des vêtements en tissu synthétique ainsi que l’utilisation de produits de beauté colorés. Enfin, le soleil pouvant entraîner une pigmentation permanente, il est recommandé pendant quatre mois d’utiliser un écran total.

Après quelques mois, si vous cicatrisez bien, on ne verra que très peu votre incision. Il ne faut pas s’inquiéter de l’aspect de la cicatrice dans les premiers jours voire dans les premières semaines, car l’aspect définitif (cicatrice quasi-invisible) n’est attendu qu’à partir de plusieurs mois.

Une formation de cicatrices dites « chéloïdes » peut rarement se produire, plus souvent sur peau noire ou en cas de chéloïde antérieure. Elles peuvent être améliorées ou prévenues par une prise en charge spécifique.

Gêne cervicale

Pendant toute votre convalescence (d’une durée d’un mois au maximum) et peut être pendant un peu plus longtemps, vous pourrez garder une petite gêne pour avaler, une voix un peu enrouée. Ces troubles disparaîtront par la suite.

Les risques opératoires

N’oubliez pas qu’ils sont très faibles et qu’ils dépendent de facteurs variés : la pathologie opérée (les risques sont accrus en cas de réintervention, d’hyperthyroïdie ou de cancer étendu), vous-même (si vous prenez des médicaments susceptibles de faire saigner par exemple), et bien sûr le chirurgien, plus il est expérimenté, moins le risque est élevé.

  • Infection de la cicatrice (moins de 0.5%)
  • Hématome compressif du cou imposant une réintervention en urgence (moins de 1%)
  • Troubles de la voix :Contrairement à une opinion répandue, vous ne devriez garder à distance aucun trouble pour parler. Si votre voix change après l’intervention, ceci ne sera généralement que transitoire. Dans quelques cas, il est cependant nécessaire de faire quelques séances de rééducation de la voix. Les troubles graves et définitifs sont exceptionnels (1à 2%). Les troubles de la voix sont dus à la chirurgie au voisinage du nerf de la voix ou à une inflammation du larynx (résultat de l'irritation causée par le tube anesthésique). En cas d’altération vocale marquée, un examen laryngoscopique est demandé à nos confrères ORL à la recherche de la paralysie d’une corde vocale. Les symptômes vocaux disparaissent en quelques semaines ou quelques mois. La récupération peut être accélérée par la prescription de quelques séances de rééducation auprès d’un€ orthophoniste. Ceci est cependant rarement nécessaire. Une atteinte du nerf récurrent peut parfois causer une raucité ou une faiblesse de la voix plus tenace: ceci est cependant un événement rare et évitable. Occasionnellement, lorsqu'il y a un cancer, le nerf récurrent est détruit, envahi par le cancer. Dans ces cas, la perte du nerf est inévitable si on veut enlever complètement la tumeur. En cas d’atteinte du nerf récurrent, une dyspnée (gêne respiratoire, notamment à l’inspiration et à l’effort), ou des troubles de la déglutition (fausses routes alimentaires faisant tousser, en particulier lors de la prise de boissons) peuvent coexister avec les troubles de la voix. Tous ces troubles régressent en même temps dans la plupart des cas. Les paralysies bilatérales sont exceptionnelles (moins de 1 pour 1000 interventions). Ces complications graves peuvent avoir pour conséquence une réintubation pendant quelques jours, voire la confection d’une trachéotomie transitoire ou d’un geste ORL afin d’élargir l’espace entre les deux cordes vocales.
  • Chute du calcium dans le sang(hypocalcémie)Parfois, et seulement si l’intervention a porté sur les 2 côtés de la thyroïde (thyroïdectomie totale, sub-totale ou qua-sitotale), il se produit une baisse du taux de calcium dans le sang qui entraîne quelques troubles, notamment des fourmillements autour de la bouche, dans les mains et les pieds. Généralement, tout rentre dans l’ordre en quelques jours ou en quelques semaines, spontanément ou après administration transitoire de calcium par la bouche. Ce n’est que dans environ 2% des cas que du calcium devra être prescrit à vie. Ceci est dû au fait que des petites glandes parathyroïdes (au nombre de quatre, chacune mesurant seulement 4 à 6 millimètres de grand axe), intimement accolées à la glande thyroïde, doivent transitoirement récupérer de la dissection minutieuse que fera le chirurgien pour les préserver (en cas d’impossibilité anatomique de dissection, le chirurgien pourra même aller jusqu'à vous les retransplanter dans un muscle du cou pour diminuer les risques d’hypocalcémie prolongée).
  • Une névralgie liée à une hernie discale cervicale peut s’observer, exceptionnelle.

Au total les risques existent, mais ils sont très faibles et les complications définitives ne se rencontrent que chez moins de 2% des patients opérés. Même lorsqu’elles ne récupèrent pas ces complications sont toujours soignables, parfois au prix d’un traitement à vie (calcium et vitamine D pour les hypocalcémies) ou d’une rééducation de la voix.

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Le traitement par les hormones thyroïdiennes

En règle générale, si vous avez été opéré d’un nodule, vous n’aurez besoin d’aucun traitement après l’intervention et ceci même si on vous a retiré la moitié de la glande thyroïde. Le reste suffit largement pour mener une vie absolument normale et l’intervention n’aura donc aucune conséquence, sauf bénéfique, sur votre état général. 

Si vous avez bénéficié d’une thyroïdectomie bilatérale, un traitement par les hormones thyroïdiennes vous sera prescrit à vie.

Quelles hormones thyroïdiennes prescrit-on ?

L'hormone thyroïdienne la plus fréquemment prescrite est la lévothyroxine ou L-T4. La dose à prendre chaque jour est variable suivant les personnes (taille, poids, âge, étendue de la thyroïdectomie), entre 50 et 200 microgrammes (μg) par jour. Il n’est pas utile de donner de la T3 (autre hormone thyroïdienne) car la L-T4 administrée sous forme de comprimé ou de gouttes se transforme dans l’organisme en T3.

Quand et comment prendre les hormones thyroïdiennes ?

La L-T4 a une durée d'action de huit jours. Il est préférable de prendre le(s) comprimé(s) le matin à jeun, ¼ h avant le petit déjeuner. Son absorption en est meilleure. L'essentiel est de prendre l'hormone thyroïdienne une fois par jour régulièrement. Si vous avez oublié de prendre votre comprimé, ce n’est pas grave : ne prenez pas une double dose le lendemain, mais reprenez votre traitement à la dose normale.

Quels effets indésirables peut-on ressentir ?

La L-T4 est une hormone de synthèse. C’est exactement la même que la T4 naturelle. Elle peut donc être associée à tous les autres traitements dont vous pouvez avoir besoin. Il existe des interactions médicamenteuses qui sont exceptionnelles.

Compte tenu des légers déséquilibres hormonaux au cours des 2 ou 3 premiers mois post-opératoires, il est recommandé de surveiller son alimentation pendant cette période (pas trop grasse ni trop calorique) sinon risque de prise de poids. Une fois l’équilibre hormonal obtenu, il n’y a pas de régime alimentaire à suivre.

Comment surveiller le traitement ?

Par une consultation médicale à intervalles réguliers fixés par le médecin.
Par des dosages hormonaux périodiques de T4 et surtout de TSH.